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Baptiste Morizot, Manières d'être vivant. Enquêtes sur la vie à travers nous, Actes Sud, 2020.
Voici un regard neuf, une porte ouverte sur un monde nouveau qui est pourtant le nôtre. Celui de la vie, diffractée, partagée et interdépendante.
Comment se penser tout à la fois comme être humain, animal, mammifère, vivant enclin à diverses tendances partagées avec d'autres, composé en partie d'existences autres, mais aussi comme lucide, responsable, réflexif, solidaire et attentif aux autres modalités de l'existence terrestre ?
Croisant sciences et philosophie, découvertes évolutionnaires et éthique spinozienne, pistage de loups et gardiennage de moutons, terrain et concepts, les réflexions proposées dans ce livre invitent à s'assumer comme être déterminé et pourtant responsable, fini et pourtant perfectible, mortel et pourtant durable... et à s'apprivoiser, individuellement, intersubjectivement et politiquement comme on le ferait d'autres êtres, "aliens" mais parents, unis par un destin commun.
In fine, voici un ouvrage majeur pour notre temps - une expérience puissante et incarnée qui, si elle était généralisée, pourrait constituer rien de moins qu'un tournant de la pensée... et de la façon humaine de "cohabiter".
Jean Birnbaum, Le Courage de la nuance, Seuil, 2022.
Rien n'est plus en vogue que le "clash", le "buzz", la "punchline" et autres avatars de ce que l'on appelait jadis "saillie", "épigramme" ou "brocard" - discours dont l'efficace est de marquer les esprits. Mais rien de plus stérile, non plus, quand la pensée qu'ils devraient susciter s'y réduit et s'enferme dans quelques dizaines de caractères péremptoires. Contre cette réduction du discours à des slogans et, plus généralement, celle de la réflexion à quelques "positions" tranchées et simplistes, l'essai de Jean Birnbaum rappelle que nuance et subtilité ne sont pas synonymes de désengagement. D'ailleurs, il existe de fausses radicalités cachant une vraie lâcheté : la fuite devant l'effort de penser. Pour résister à cet appauvrissement, les exemples d'Albert Camus, George Orwell, Hannah Arendt, Raymond Aron, Georges Bernanos, Germaine Tillion ou encore Roland Barthes sont plus que jamais susceptibles de nous inspirer.
Romain Gary, La Promesse de l'aube, 1960.
En illustrant l'immense responsabilité d'une mère dans la formation des ambitions, du caractère et du parcours (exceptionnels) de son fils, ce roman autobiographique explore les ressorts de la psyché tout en ne cessant de jouer avec les clichés. Suivant la trame de ses jeunes années dans le chaos de l'Europe de l'entre-deux-guerres et des années 1940, la plume sarcastique de Romain Gary offre une expérience inoubliable d'intimité et de dépaysement mêlés. Magistrale déclaration d'amour filial, roman d'apprentissage paradoxal, récit - quoi qu'on en dise - d'une désillusion quant à la "grandeur" et la rationalité humaines, ce livre étourdissant est aussi, à chaque page, un miroir tendu à nos propres motivations, nous retournant ces questions lancinantes : quels sont nos véritables attachements ? Quels idéaux nous animent ? Et comment entendons-nous réussir notre vie ?
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